Les crédits bancaires « encore » inaccessibles pour les jeunes au Burundi
13 février 2023Pour lancer leurs projets ou pour étendre leurs activités, des jeunes burundais se tournent vers des crédits bancaires. Mais, trop souvent, sans succès. Témoignages.
Albin Pierre Nyamoya est propriétaire d’une fromagerie à Ngozi. Comme beaucoup de jeunes dans la capitale burundaise, il aimerait accéder aux crédits bancaires pour l’expansion de son entreprise. Mais il craint le délai trop serré qu’accordent les institutions financières aux jeunes entrepreneurs. « Nos petites entreprises sollicitent des sommes d’argent raisonnables pour leur expansion. C’est normal que les banques exigent des garanties, concède-t-il. Mais lorsque nous obtenons l’approbation pour nos demandes de crédit, les banques exigent de rembourser dans une courte durée. » Ce jeune chef d’entreprise recourt davantage aux structures de microfinance, « plus abordables que les banques », lorsqu’il cherche un crédit.
De son côté, le gouvernement a lancé quelques initiatives pour accompagner économiquement les jeunes. Il s’agit notamment du Programme d’autonomisation économique et d’emploi des jeunes (PAEEJ) et de la Banque d’investissement pour les jeunes (BIJE). Là aussi, pour accéder aux financements, « ça prend beaucoup de temps », regrette Albin Pierre Nyamoya.
Nous avions confiance au PAEEJ mais il nous a laissés tomber
Une lenteur qui a fini par décourager Jonas Minani. Pour ce jeune éleveur des porcs à Bujumbura dans la commune MUHA, il est « impossible » d’arracher un crédit à travers les différents dispositifs mis en place par le gouvernement. Il a pourtant accepté de tenter sa chance, en participant au concours des projets organisé par le PAEEJ. Jonas Minani soutient qu’il s’était même placé « 17e au niveau communal ». Ce qui l’aurait offert des fortes chances pour un financement du PAEEJ. Mais il n’a toujours rien vu venir. « Nous avions confiance au PAEEJ pour nous aider à accéder aux crédits bancaires mais il nous a laissés tomber », déplore cet entrepreneur du quartier Kanyosha, déçu.
Peur de demander un crédit bancaire
S’il reconnait les efforts du gouvernement dans l’employabilité des jeunes, Franck Ininahazwe constate aussi que, dans les faits, « les jeunes éprouvent encore des difficultés pour accéder aux crédits bancaires ». Le représentant légal de l’Observatoire pour le développement de la jeunesse (ODJ) situe le problème au niveau du « favoritisme » dans le processus de sélection des projets. Il plaide pour la mise en place et le respect des critères clairs et objectifs de financement afin de « donner des fonds aux jeunes entrepreneurs qui le méritent ».
En attendant, beaucoup d’autres jeunes hésitent à se tourner vers le PAEEJ ou la BIJE. C’est le cas de Jennifer Bora, propriétaire d’une entreprise de mode. « Je ne me suis pas encore lancée à la recherche d’un crédit. J’y pense mais j’ai un peu peur », avoue-t-elle. Peur de ne pas y arriver.