Yvonne Kamariza, directrice de BE TV : « Croire en moi, c’était tout ce qui comptait ! »
23 février 2023Si la persévérance avait un nom, elle se nommerait Yvonne Kamariza. Cette jeune femme au regard pétillant est à la tête de la Best Entertainment Television (BE TV), une chaîne de télévision privée locale. A seulement 26 ans !
Rien ne prédestinait Yvonne Kamariza au métier de journalisme. Et pourtant…Cette jeune femme native de la commune Vugizo en province Makamba a suivi une filière de santé publique à l’université Lumière de Bujumbura. C’est après le cursus universitaire qu’elle a décidé de changer de voie. Il y a quelques mois, elle recevait une équipe de Yaga dans son bureau.
Comment avez-vous percé dans le métier de journalisme ?
Yvonne K. : C’est un rêve que je nourrissais depuis longtemps. En 2020, j’ai intégré la BE TV. Avant, j’avais travaillé à la Bujumbura TV, devenue plus tard Ihuriro TV, puis à la Black TV. Seulement, je ne suis pas restée longtemps dans ces deux médias. A la BE TV, j’ai commencé comme simple stagiaire. Ça ne me faisait rien de travailler sans être payé à la fin du mois et cela a duré un an. Je m’impliquais beaucoup au travail et j’animais même déjà une émission. Un an plus tard donc, je maîtrisais le fonctionnement de la boîte de A à Z. Au mois de mai 2021, le directeur de l’époque est parti. Nous n’étions que 9 employés et je fus approché pour prendre la relève.
Est-ce facile de s’imposer comme directrice de télé à un si jeune âge ?
Yvonne K. : au début, je n’arrivais pas à réaliser. Je ne voyais pas comment j’allais pouvoir m’y prendre pour faire ce qu’on attendait de moi. Mais je suis dotée d’une très grande confiance en soi. Mes supérieurs, malgré qu’ils m’aient placée à la tête de la boîte, ne me faisaient pas entièrement confiance. Je me souviens qu’ils surveillaient mes moindres faits et gestes et me questionnaient sur tout. Avec les autres employés, ce n’était pas non plus évident. Certains manifestaient de la jalousie à mon égard, d’autres craignaient de voir la télévision fermer à cause de moi. Ce que j’ai fait et continue de faire aujourd’hui, c’est de prendre en considération les avis des uns et des autres afin de pouvoir avancer ensemble. De 9, nous sommes passés à 15 employés et nous avons aussi pu diversifier nos émissions.
Votre parcours a-t-il été facilement accepté par votre entourage ?
Yvonne K. : Les défis n’ont pas été que professionnels. Même du côté familial, ça n’a pas été facile. Etant déjà stagiaire, on me conseillait sans cesse de laisser tomber car je ne gagnais aucun sou. Et en plus dans ma famille, aucune fille ne rentre à des heures avancées de la nuit. Et tout le monde sait qu’un journaliste travaille souvent à pas d’heure ! Inutile également de souligner que le métier de journalisme est un métier plein de préjugés. Mais moi je savais ce que je voulais et c’était ça le plus important.
Auriez-vous un petit message à faire passer aux autres femmes ?
Yvonne K. : Peu de personnes sont convaincues qu’une fille peut être un bon leader. Le plus important, c’est d’avoir confiance en soi. Et il faut qu’on ait conscience que, malgré les défis auxquels les femmes font face dans notre société, tout revient à une seule chose : si tu n’as pas confiance en toi, tu n’arriveras pas à grand-chose.