Les jeunes, ces invisibles du paysage politique burundais
24 février 2023La jeunesse burundaise ne parvient pas à faire entendre leur voix dans le paysage politique. Leur participation dans les politiques nationales reste limitée. Faute de cadre légal, le Conseil national de la Jeunesse Burundaise, censé défendre les intérêts de la jeunesse burundaise ne fonctionne pas.
Constituant la grande majorité de la population burundaise, la jeune génération peine toujours à participer aux orientations gouvernementales. En clair, on trouve très peu de jeunes dans les organes de pouvoir.
Le manque du cadre légal, cancer de l’épanouissement de la jeunesse dans la politique
Via la Résolution 2255 adoptée par le Conseil de Sécurité en décembre 2015, les Nations Unies recommandent aux Etats membres d’associer les jeunes à tous les niveaux dans les instances de prise de décision. Au Burundi, un Conseil National de la Jeunesse Burundaise (CNJB) a été mise en place depuis l’an 2008. Le CNJB devenait donc la première organisation consultative des jeunes pour les pouvoirs publics. Cette structure restera cependant presqu’inactive pendant plusieurs années. Accusé d’être inféodé au parti au pouvoir, le CNJB est toujours dépourvu de texte législatifs et ne dispose pas de moyens pour drainer les idées de la jeunesse. Sans cadre légal, cette organisation est accusée par certains de servir les intérêts politiques du parti CNDD FDD au pouvoir.
Dans sa dernière conférence de presse tenue fin janvier 2022, Ernest Nzosaba, président sortant du CNJB, a déploré l’attitude des ministères ayant le dossier jeunesse dans leur attribution. Il a affirmé avoir combattu pour donner au CNJB un cadre légal sans succès. Les cabinets des ministères concernés dont le ministère de l’Intérieur et celui ayant en charge la jeunesse n’y auraient jamais donné suite. Selon nos sources, au sein du comité central du CNJB, la situation n’a pas changé jusqu’aujourd’hui. Ce manque de cadre légal soumet le CNJB à la dépendance totale de ceux qui tiennent les rênes du pouvoir. Ce qui le rend faible et incapable à défendre les intérêts des jeunes.
Les partis politiques, machines à broyer du leadership de la jeunesse ?
« Je dirais que la place attribuée à la jeunesse au sein de leurs partis politiques est minime si on prend compte des effectifs », indique Jules Sibomana, président de la Centrale des jeunes démocrates (CJD), ligue des jeunes affiliés au parti SAHWANYA- FRODEBU. Ce jeune leader taxe la politique interne des partis politique de discriminatoire : « Après avoir été mis en avant lors des campagnes électorales, les jeunes sont souvent écartés quand il s’agit d’affecter les personnes dans des places importantes », affirme-t-il.
Pour relever le défi lié à la faible représentativité des jeunes en politique, Jules Sibomana propose aux « seniors » des formations politiques d’arrêter les manœuvres visant à écarter les jeunes. D’un autre côté, il appelle les jeunes à s’impliquer davantage dans les partis politique, de prendre le lead ou intégrer les corps dirigeants de ces organisations.
Sibomana appelle également le CNJB considéré comme une plateforme des jeunes leaders Burundais à l’action. « Nous exigeons au CNJB de travailler pour les intérêts des jeunesses, proposer si nécessaire des projets au gouvernement via les ministères », insiste-t-il. Une nécessité une « relève politique » de qualité.