Burundi: 93% des jeunes diplômés passent plus de 5 ans avant de trouver le premier emploi
24 février 2023Avec plus de 70% d’habitants de moins de 35 ans, le Burundi est un pays très jeune. Une population rongée par le chômage : 93% des jeunes diplômés attendent plus de 5 ans avant de trouver le premier emploi. Certains, grâce au Programme d’Autonomisation Economique et d’Emploi des Jeunes Diplômés (PAEEJ).
De 1979 à 2022, la population burundaise a triplé ! Elle est passée de 4 millions à plus de 12 millions d’habitants. Cette pression démographique au Burundi est caractérisée par une forte fécondité et des unions précoces.
Dans ce pays de plus 27mille km2, l’un des plus petits d’Afrique, plus de 70% de la population a moins de 35 ans (environ 77% pour l’ensemble du continent).
Ceux dont l’âge est compris entre 14 et 35 ans représentent plus de 50% de la population contre 41.5 % des jeunes âgées de moins de 15 ans. Donc, une population en grande partie composée des jeunes.
Les jeunes ont moins d’opportunités en termes d’emploi. 93% des jeunes diplômés passent plus de 5 ans avant de trouver le premier emploi, comme le fait savoir Pr Désiré Manirakiza, spécialiste des questions de population et de développement.
Comme c’est indiqué dans une interview que Désiré a accordé au Magazine Jimbere, le dernier recensement des jeunes sans emploi a levé le voile sur une situation inquiétante. Plus de 400.000 jeunes diplômés sont au chômage. D’où, avoir un diplôme au Burundi ne constitue pas une garantie d’être embauché.
Les projections démographiques de l’Institut de Statistiques et d’Etudes Economiques du Burundi (ISTEEBU) montrent que la population burundaise devrait atteindre les 26 millions d’habitants d’ici 2050. Cette population, essentiellement jeune, a donc besoin d’être occupée.
Dans cette perspective, l’Etat a dû repenser le modèle d’employabilité des jeunes en mettant l’accent sur leur autonomisation. D’où, la mise en place du Programme d’Autonomisation Economique et d’Emploi des Jeunes Diplômés (PAEEJ). Un plan doté d’une enveloppe importante de 48 milliards Fbu pour soutenir l’entrepreneuriat et la création de l’emploi chez les jeunes frappés de plein fouet par le chômage.
L’autonomisation, une alternative pour booster l’employabilité des jeunes ?
L’emploi de bureau a été depuis longtemps le seul emploi qui intéressait et auquel les jeunes étaient sensibles. Pour ce, le PAEEJ vise à appuyer les jeunes à travers la sensibilisation au changement de mentalité. Faire en sorte que les jeunes puissent être capables de créer l’emploi et ne pas nécessairement compter sur l’embauche.
Le président du Burundi Evariste Ndayishimiye, « pro-jeunes », appelle toujours les jeunes à retrousser les manches afin de vaquer aux activités génératrices de revenus. Pour y arriver, Ndayishimiye mobilise les expériences de ceux qui ont réussi dans le domaine de l’entrepreneuriat afin qu’ils puissent effectivement impulser et représenter le modèle que les autres puissent suivre.
C’est dans cette optique de mobiliser les jeunes autour du programme de création d’emploi que le Président de la république va à la rencontre des jeunes pour les encourager. En février 2023, Ndayishimiye lançait la première édition de la journée dédiée à l’entrepreneuriat dans la capitale économique du Burundi avec une trentaine des jeunes à succès œuvrant dans différent secteurs : agriculture, élevage, art, culture, sport, santé, media, etc. Lors de cette rencontre, il a promis aux jeunes l’instauration du Prix pour l’innovation dans différents secteurs de production. Il invite les jeunes Burundais à se regrouper davantage pour pouvoir opérer ensemble.