Bujumbura : A quand la fin du travail des enfants ?
24 février 2023Le travail des enfants est interdit par la loi. Mais il n’est pas rare de voir les enfants en train de travailler que ce soit dans les restaurants, les ménages, le commerce ambulant… La pauvreté de familles n’ayant pas les moyens d’envoyer leurs enfants à l’école explique en grande partie ce phénomène.
C’est mercredi le 22 février 2023, il est 19 h pile. Dans le quartier populaire de Buyenzi en marie Bujumbura c’est le moment crucial de restauration pour les personnes qui ne cuisinent pas chez elles. A la 13ème avenue, nous entrons dans un restaurant connu pour sa spécialité de « chapati ». Dans la soirée, les clients sont nombreux, il est même difficile de trouver une place pour s’assoir à cause de l’exiguïté du restaurant et le nombre élevé de personnes qui veulent manger. Par chance, nous trouvons une place vacante. Nous attendons environ deux minutes les serveurs venir nous demander ce que nous voulons. Sans tarder, un jeune garçon approche notre table. « S’il vous plaît, que voulez-vous que je vous serve ? », demande-t-il ? Vu sa taille et son apparence, nous avons voulu connaître son âge et pourquoi il travaille étant aussi jeune. Nous lui demandons : « Avant de commander quoi que ce soit, quel âge as-tu beau garçon ? ». Il nous répond sans hésiter que son âge est 13 ans avant de lui demander pourquoi il travaille aussi jeune au lieu d’être l’école. « Je suis natif de la province Kayanza, j’ai étudié pendant trois ans, malheureusement, mes parents n’ont pas les moyens pour me maintenir à l’école, j’ai été obligé d’abandonner. Raison pour laquelle je suis venu à Bujumbura pour travailler dans ce restaurant dans le but de satisfaire à mes besoins », réplique le jeune garçon.
Vu que le patron du restaurant surveille ses travailleurs comme le lait sur le feu, nous ne lui avons pas posé d’autres questions, il est plutôt allé nous apporter notre commande. Le restaurant en question embauche environ 10 jeunes et il est très probable que la moitié d’entre eux ont moins de 16 ans. « Pas mal d’employeurs du secteur informel profitent les enfants, car ils les paient moins cher et ne sont pas difficiles à gérer. Certains touchent un salaire mensuel de moins de 30 000 FBu », fait savoir le prénommé Marcel, un sexagénaire rencontré dans le restaurant qui estime par ailleurs que, malheureusement, les administratifs ne s’intéressent pas à cette problématique de travail des enfants malgré sa prohibition.
Même les ménages embauchent les enfants
Butoyi, une petite fille, travaille en tant que « nounou » dans une famille à la 10ème de Buyenzi précise : « J’ai 12 ans et je suis originaire de la province Cibitoke. Il y a quatre ans, quand j’étudiais en 2ème année de l’école fondamentale, ma mère a mis au monde un enfant. En conséquence, elle m’a obligé de quitter l’école pour l’aider à garder le bébé pendant qu’elle s’occupe des travaux champêtres et ménagers. Depuis lors, je n’ai jamais retourné à l’école, plutôt ma mère a préféré que j’aille travailler pour gagner un peu d’argent ».
Le travail des enfants à Bujumbura n’est pas un secret. Même les personnes qui font le commerce ambulant des arachides, des œufs… dans les rues et les bistrots, la plupart d’entre elles sont des enfants.
Une pratique interdite par la loi L’Institut des Statistiques et d’Etudes Economiques du Burundi (ISTEEBU) confirme que le travail des enfants est une évidence. Entre 2019 et 2020 ; 4,7% des enfants âgés de 5 à 14 ans ont exercé une activité économique ou ont travaillé pour gagner de l’argent. Cela ressort d’une Enquête intégrée sur les conditions de vie des ménages au Burundi réalisée entre 2019-2020 par l’ISTEEBU. Cela étant, la loi burundaise interdit d’employer les mineurs. Le code du travail du Burundi dans les articles 10, 11 et 12, interdit de faire effectuer, par in enfant, un travail disproportionné, à ses capacités avant 16 ans. Mais l’article 278 fixe l’âge minimal de 14 ans en cas d’apprentissage et l’accomplissement des travaux légers et salubres. Le travail des enfants est une violation de droits fondamentaux de l’homme. L’Organisation Internationale du Travail (OIT) définit le « travail des enfants » comme un travail qui prive les enfants de leur enfance, de leur potentiel et de leur dignité, et nuisent à leur scolarité, santé, développement physique et mental. |