Entrepreneuriat : Du riz pour des emplois verts

Au moment où plus de 66,4 % de la jeunesse de la capitale de Bujumbura est frappé par le chômage, certains jeunes ont décidé de faire différemment, créer des emplois tout en préservant l’environnement. Illustration avec Léila Kateferi, créatrice d’une entreprise qui fabrique des combustibles à partir de résidus de riz.

Il est 10H, les éclairs déchirent le ciel. On entend aucun oiseau chanter dans cette localité de Gatumba, située à l’ouest du Burundi. Sans doute, le climat annonce des pluies abondantes et des vents violents. Ses habitants ont la peur au ventre. Ils espèrent ne plus revivre la même situation qu’au mois précédent. Beaucoup de ses habitants ont dû se déplacer à cause des inondations laissant derrière eux de vies humaines et biens matériels.

Dans cette même localité, il y a une lueur d’espoir. Des initiatives innovantes des jeunes commencent à voir le jour pour remédier à ces aléas naturels. A l’image de l’entreprise fondée par Léila Kateferi : KtF Concept qui transforme les résidus de riz en combustible. “A la fin de mes études universitaires, j’ai passé 3 ans à rechercher de l’emploi. Toutes mes candidatures n’aboutissaient pas ! raconte Léila, « je me sentais inutile et déçue ! Mes parents ont beaucoup dépensé pour mes études ! Je voulais être leur fierté »

A côté de cela, la jeune femme est touchée par les inondations dans sa région. « J’ai été choquée d’assister un jour à une petite fille emportée par les eaux des pluies. C’est là où j’ai décidé de consacrer ma vie à la protection de l’environnement tout en offrant des opportunités d’emplois aux jeunes chômeurs comme moi » ajoute Léila.

Chômage & protection de l’environnement, défis accomplis

« Une idée m’est venue ! Créer des combustibles à partir des résidus du riz ! » raconte cette trentenaire. Ce n’est pas un hasard : sa mère détient une entreprise de riz.  Elle pourra facilement avoir accès aux matières premières. « L’échange d’expériences avec d’autres jeunes de ma région a été une source d’inspiration et un point de départ ! indique-t-elle.

Son entreprise Ktf concept s’emploie à protéger l’environnement en fournissant des combustibles alternatifs pour la cuisson et des foyers. Selon elle, son entreprise vient pallier le déficit d’énergie propre pour la cuisson où plus de 90% des ménages burundais utilisent du bois pour la cuisson. « L’usage du bois entraîne la déforestation ce qui engendre l’érosion, la sécheresse et tous les problèmes liés aux changements climatiques » explique-t-elle.  Et de souligner que petite soit-elle, son entreprise contribue aussi à la réduction du chômage. « Je suis fière aujourd’hui : je donner de l’emploi aux jeunes tout en protégeant l’environnement. » Son entreprise compte déjà 20 employés permanents ainsi que 10 journaliers. « J’espère l’étendre en dehors de Bujumbura. » raconte avec fierté.

 « KtF Concept doit miser sur la visibilité!»

Pour Yves Gatore, professeur d’université en marketing, KtF Concept dispose de plusieurs avantages : une matière première à portée de main, une main d’œuvre facilement accessible et des produits sans concurrents. Néanmoins, il souligne que ses produits manquent de visibilité : « Le bouche à oreille ne suffit pas comme stratégie de publicité ». De plus, fait-il remarquer, les prix de ces produits semblent ne destiner qu’à une clientèle de luxe. Cet enseignant conseille à KtF d’auto-évaluer et de diversifier ses produits afin d’atteindre la catégorie de la population la moins aisée.