Burundi : Vente des unités, transfert mobile d’argent ; les métiers de la débrouille pour les diplômés chômeurs.
17 mars 2023Les jeunes diplômés au chômage se lancent dans les métiers de vente d’unités et de transfert d’argent avec LUMICASH et ECOCASH. Ces métiers leur permettent de vivre sans dépendance financière.
Dans tous les centres urbains du pays, on voit beaucoup de jeunes en uniformes jaunes, au couleur de LUMICASH, un service financier spécialisé dans les transactions monétaires de l’entreprise Lumitel. Cet opérateur fournit des services de télécommunication par appel téléphonique, SMS et Internet.
« Il suffit d’avoir un petit capital. Tout le monde peut se lancer dans cette affaire » disent les agents de cette entreprise. Quand on trouve son code ou numéro d’adresse qu’on appelle ligne (umurongo en Kirundi), on devient agent de Lumicash ou Ecocash. Néanmoins, la ligne pour LUMICASH n’est plus actuellement très accessible mais quand on a une somme minimum de 60 000BIF, on la reçoit automatiquement. ’ nous confie Albert HAKIZIMANA, jeune licencié en économie de l’Université du Burundi, à Bujumbura où il fait ce métier. Selon lui, il est préférable de commencer au moins avec un capital de 500 000BIF pour être capable de servir un bon nombre de clients.
Quid de la paie ?
Les agents de Lumicash ou Ecocash aident les gens à transférer l’argent à distance par usage des téléphones. Ces agents gagnent une commission de 77BIF par envoi et 114BIF par retrait si on fait un transfert de 5000BIF. Tandis que pour un transfert 10 000BIF, ils gagnent une commission de 95BIF par envoi et 114BIF par retrait. Les meilleurs agents peuvent rentrer avec un bénéfice de 4000BIF par jour, raconte Odette NKEZUMUREMYI. Cette jeune diplômée de l’école secondaire opère sur trois lignes notamment celle de LEO, LUMITEL et ONAMOB. Toutes ces dernières constituent des sociétés de télécommunication. Selon Odette, ces agents arrivent souvent à gagner 170 000BIF de profit par mois s’ils ont commencée avec un capital de 500 000BIF. L’habilité ou la chance d’avoir beaucoup de clients permet de rentabiliser ce business. Elle avoue qu’elle est fière de ce métier qui lui fait vivre. En revanche, elle déteste la dette et adore trouver plusieurs clients. Elle interpelle d’ailleurs les autres jeunes chômeurs à se lancer dans cette affaire au lieu de la sous-estimer.
Moyen de faire face au chômage
Les statistiques de l’ISTEEBU (Institut des Statistiques et Etudes Economiques du Burundi) montrent que le milieu urbain est plus touché par le chômage avec un taux de 17,2% touchant davantage les personnes instruites : 10,6% de niveaux d’études secondaires et 17,9% de niveau supérieur.
Les jeunes chômeurs instruits trouvent un refuge dans la vente des unités et le transfert de monnaie mobile lorsqu’ils parviennent à trouver au moins 200 000BIF de capital. Tel est le cas de Cynthia IRANKUNDA. Diplômée aussi de l’école secondaire, elle peut toucher 100 000BIF de gain par mois en vendant les unités de Lumitel et Leo y compris les transferts de la monnaie électronique de ces deux entreprises.
Pas mal de jeunes se débrouillent au même titre que cette jeune brave Cynthia IRADUKUNDA. Cela entre dans la réduction du chômage malgré une crainte imminente de la fermeture d’Econet Leo après l’annonce de l’Office Burundais des Recettes (OBR) le 26 Janvier 2023 pour une dette fiscale de 88 milliards de BIF et plus de 44 millions d’USD à cause des arri. Les retraits de la monnaie électronique sur le compte Ecocash, service financier de la Société Econet Leo sont perturbés dès lors.
L’essor du paiement mobile au Burundi
D’après l’ARCT (Agence de Régulation des Communication et Télécommunications), presque 5 millions de burundais utilisent les transactions financières mobiles. La technologie a touché également les banques qui se sont adaptées avec la digitalisation actuelle. De 2020 à 2021, le taux d’utilisation des transferts monétaires mobiles est allé de 20 à 31%. Cela donne une augmentation de 11% dans une période d’une année. Il s’agit d’un développement notable selon les économistes.
‘’Le service financier mobile au Burundi a beaucoup évolué surtout que nous avons vu la croissance des entreprises téléphoniques géantes’’, précise Blaise NTAHOMVUKIYE doctorant dans les Sciences Economiques à Séoul en Corée du Sud.
Ces sociétés téléphoniques sont ainsi devenues une panacée à l’endroit des jeunes face au chômage.